dimanche 31 mai 2009

Whitechapel Song

Il y a de cela 40 ans, un soir, à la télévion française de l'époque, apparut un drôle de groupe avec un chanteur jouant de la flûte en position de yoga. C'était Ian Anderson et Jethro Tull interprétant "Song for Jeffrey". J'ai tout de suite pensé à un individu sortant d'une sombre et enfumée taverne de Whitechapel, lieu des tristes exploits du ripper.
La vision demeure après toutes ces années : vision de XIXème et d'un fantastique poignant.
Alors place à la voix nasillarde de Ian Anderson et au mystère des brumes, et d'un certain Jeffrey.

jeudi 28 mai 2009

The ripper

Jack the ripper, le mythe d'une Londres brumeuse, une Londres du XIXème, suiffeuse et mystérieuse.
The ripper, il y en a que ça énerve, qui en ont marre, qui trouvent cela surfait.
Ce n'est pas mon cas. The ripper, c'est le mystère éternel, l'énigme qui fait bouillir l'imagination, mais avec des solutions toujours aventureuses. The ripper, c'est la déclinaison à l'infini d'un polar de l'étrange, dans Whitechapel aussi insaisissable que son sinistre héros.

jeudi 21 mai 2009

The others

J'ai déjà parlé de mon intérêt pour les fantômes. Avec le fim "The others", celui-ci a été comblé. Quoique dans ce cas, les fantômes ne sont pas forcément ceux que l'on croit, et c'est là tout l'attrait du film.

dimanche 17 mai 2009

Dr Jekyll and Mr Hyde

Roman qui a sans aucun doute marque le XIXème siècle, pièce maîtresse du fantastique autant que de la SF. Le dédoublement de personnalité à l'aide d'une substance, l'idée maîtresse de toutes les fictions d'anticipation.
Le tout filmé dans le cadre du "muet" des années 20, avec inévitablement, de ce fait, une touche d'expressionnisme allemand, nous permet de confiner à l'art suprême.

Et comme j'aime les situations paradoxales : passer du muet au chanté, avec une touche de dandysme gainsbourgien, je ne puis me priver de proposer ce clip à mon sens tout à fait approprié.

mercredi 13 mai 2009

L'affaire Nokobva

"L'affaire Nokobva" est une nouvelle de SF comme je les aime, publiée avec 9 autres textes de 9 auteurs différents et évoluant dans des univers variés, dans le recueil "Fil rouge" des Éditions Saint-Martin.







Me voici en signature au 2ème salon de l'écrit de Wissant (Côte d'Opale" le 19 avril 2009, où le recueil a été présenté la première fois.

Et me voici avec Nicolas Coquant des Éditions Saint-Martin et Christine Deltombe qui a également participé au recueil.
Je dois dire que j'ai trouvé avec les Éditions Saint-Martin une équipe chaleureuse avec qui on a envie de travailler.
Même s'ils ne sont pas fermés à la SF comme ce fut le cas avec "L'affaire Nokobva", le roman "Sandie" n'entre pas vraiment dans l'esprit de leurs publications.
Peu importe, j'ai commencé un nouveau roman qui n'est ni du polar, ni du fantastique, ni de la SF ; qui est roman, point final, et je m'y sens bien. Il faut savoir explorer tous les territoires.
En attendant, pour en apprendre davantage sur "Fil rouge", on clique ici.
Et pour acheter l'ouvrage, on clique là.



jeudi 7 mai 2009

La redevance du fantôme

Beaucoup de mes collègues écrivant du fantastique, ont un faible pour les vampires. Personnellement, mon intérêt se porte plutôt sur les fantômes. Ces créatures éthérées, imprécises, et dont la présence peut-être néanmoins affirmée, m'intéressent beaucoup.

Les récits de fantômes me passionnent, et j'éprouve un goût certain à en écrire.

Aussi fus-je comblé en 1965 et 1967, avec la diffusion par la 1ère chaîne de la télévision française, d'un téléfilm qu'à l'époque on appelait, une "dramatique", inspiré d'une nouvelle d'Henry James, "La redevance du fantôme".

Vous découvrirez l'histoire en cliquant ici même.

Cette "dramatique" mise en scène par Robert Enrico qui devait continuait une belle carière par la suite, était parfaitement filmée, avec une ambiance brouillardeuse à souhait, qui apportait la touche finale en matière de fantastique.

On peut se surprendre à rêver et à espérer que les héritiers de notre très regrettée ORTF retrouveront un jour les bobines de ce merveilleux téléfilm, et qu'ils le rediffuseront. Sait-on jamais ?

Autre point important de cette oeuvre, la présence de Marie Laforêt interprétant entre autres le très classique "Katy Cruel". Elle était encore dans son trip folk-song à l'époque, et le résultat est plus qu'honorable.

Et pour cause, je vous invite à la regarder et à l'écouter en vous plongeant dans une ambiance parfaitement XIXème siècle.

lundi 4 mai 2009

Goéliande


Très tôt en ce matin d’avril, le soleil avait percé les brumes, et baignait maintenant de sa chaude clarté le sommet de la falaise. Marchant sur un chemin de terre qui serpentait entre des buissons et des arbustes, Abigail, une jeune femme de vingt-trois ans vêtue d’une austère robe noire lui arrivant aux chevilles, s’avançait vers le bord du géant de grés et de calcaire qui surplombait l’océan, et au pied duquel venaient s’écraser les vagues. Elle s’immobilisa bientôt, laissant le vent jouer avec sa robe et sa chevelure brune, et fixa l’horizon. Ses yeux sombres, empreints de tristesse, restèrent en alerte, cherchant à découvrir au loin les voiles du Cor-Nac, un bateau de pêche dont elle guettait le retour depuis cinq ans.
C’était par une froide après-midi de janvier qu’il était parti, alors que de violentes tempêtes étaient annoncées. Mais le vieux Joss, le maître du navire, ne pouvait renoncer à aller pêcher la morue malgré le mauvais temps. Le Cor-Nac qui avait été autrefois un fier et solide morutier, emmenant souvent son équipages vers des eaux lointaines, était devenu au fil des années une triste carcasse, bonne à prendre une retraite bien méritée. Joss devait acheter un autre bateau, et ses hommes étaient prêts à faire front avec lui, à travailler sans relâche dans n’importe quelles conditions, afin de partir bientôt sur un nouveau morutier, un Cor-Nac flambant neuf. C’était donc pour cela que le bateau avait pris le large, la cale remplie de blocs de sel dans l’espoir d’une pêche abondante, malgré la désapprobation de tous ceux qui étaient présents quand il avait levé l’ancre. Parmi eux, il y avait Abigail, qui avait supplié Yann, un garçon de vingt ans qu’elle devait épouser une fois l’été venu, de renoncer à embarquer. Mais le jeune homme lui avait dit qu’il avait toute confiance en Joss, et que si le Cor-Nac n’avait plus vraiment fière allure, il demeurait néanmoins encore suffisamment solide pour affronter les pires tempêtes.
Abigail n’avait pu le retenir, et comme tous les autres, elle avait vu le bateau s’éloigner du port. Dès la fin de l’après-midi, le vent avait redoublé d’ardeur, et durant la nuit, la tempête en avait empêché plus d’un de dormir. Elle était demeurée violente pendant quatre jours et quatre nuits, et avait cessé d’un coup, à l’aube du cinquième jour, laissant la place à une matinée calme, qu’un soleil timide avait tenté de réchauffer. Abigail s’était rendu au bord de la falaise, tandis que d’autres avaient préféré se regrouper sur le port, commençant à espérer un miracle, priant pour le retour du Cor-Nac. À la fin de la journée, chacun s’était dit que le bateau était au moins parti pour une semaine, peut-être deux. Au bout de trois, on avait sonné le tocsin, chacun ayant compris que le Cor-Nac ne reviendrait plus, que l’océan retenait désormais le bateau et son équipage. Alors, Abigail s’était vêtue entièrement de noir ; elle était devenue la veuve de Yann, avant même d’avoir eu le temps de l’épouser. Dans les jours qui avaient suivi, elle s’était rendue deux fois à l’église. La première, pour la messe célébrée en la mémoire de l’équipage du Cor-Nac, et la seconde pour l’enterrement de sa mère qui avait succombé à une mauvaise bronchite. Abigail était restée seule dans sa maison de pierre, gagnant sa vie en réparant des filets de pêche. Elle travaillait la nuit, afin de pouvoir passer la journée au bord de la falaise, à guetter le retour du Cor-Nac. À cet endroit, elle avait connu aussi bien les chaleurs écrasantes que le gel et la neige, et avait subi autant les vents violents que les pluies qui la transperçaient jusqu’aux os. Mais elle demeurait envers et contre tout accrochée à l’espoir du retour de Yann qu’elle tenait pour une certitude. Elle arrivait tôt le matin ; repartait à midi pour se sustenter et prendre un peu de repos ; puis revenait jusqu’à la nuit.
Cela durait depuis cinq ans, et en ce matin d’avril où le printemps voulait s’affirmer, elle était fidèle au rendez-vous. Elle se tenait droite, humant l’air chargé d’iode et de sel, laissant le soleil caresser doucement son visage. Son regard se portait très loin, traquant la moindre trace de voile à l’horizon. Mais si quelques bateaux passèrent au large, ils n’empruntèrent pas la route menant au port. Au bout d’une heure, Abigail eut soudain envie de rentrer chez elle ; non qu’elle eût perdu l’espoir de revoir Yann ; non qu’elle fût lasse de rester ainsi immobile au bord de la falaise ; mais elle ressentait comme un appel. Il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre son logis tout proche. Et une fois arrivée devant la petite maison de pierre où elle était née, elle comprit qu’un esprit bénéfique s’était manifesté ; car contrairement à d’habitude, il y avait un homme qui attendait devant. Elle sut tout de suite qu’il était porteur d’une bonne nouvelle. Il avait sur lui de vieux vêtements très sales, et dégageait une puissante odeur. À coup sûr, il venait de loin, et avait marché longtemps. L’homme qui était un vieillard ridé, aux longs cheveux gris et raides, expliqua à Abigail qu’il avait cheminé pendant au moins deux bonnes semaines, pour faire le trajet depuis les dunes de Flandre jusqu’à son pays de falaises. Il ajouta qu’il avait trouvé sur une plage de la mer du Nord, une bouteille de rhum ; et que si celle-ci ne contenait plus la moindre goutte de tafia, elle renfermait par contre une feuille de papier. Il avait dû casser la bouteille sur un morceau d’épave échoué sur la plage, pour pouvoir libérer le message. Celui-ci mentionnait tout ce qui était utile pour parvenir jusqu’à Abigail ; alors le Flamand s’était mis en route, car la missive semblait importante. Il sortit d’une musette crasseuse le fameux message qu’il tendit à Abigail. Celle-ci appréhendait de le lire, tant elle était partagée entre un invincible espoir, et l’insondable crainte d’être amèrement déçue. Elle proposa une bolée de cidre au messager, plus pour reculer l’instant fatidique, que par gratitude ou hospitalité. Mais celui-ci refusa, disant qu’il lui fallait se remettre immédiatement en route. Lorsqu’il eut pris congé, Abigail lut avec minutie le papier jauni et froissé qu’elle serrait entre ses doigts, puis explosa de joie. Elle partit alors à toutes jambes, perdant en route ses sabots ; et ce fut pieds nus qu’elle arriva en ville et se précipita chez le père de Yann. Celui-ci eut à peine le temps de comprendre ce qu’elle lui racontait, qu’il se trouva entraîné vers le port. Ils y arrivèrent tous deux très vite, et entrèrent dans une taverne. Ils se rendirent à une table du fond où étaient installés quatre hommes sirotant de l’eau-de-vie. Abigail tendit le message au plus âgé qui portait une casquette de marin, et expliqua ce qu’il contenait. Le marin regarda la feuille d’un côté puis de l’autre, et hocha la tête. Il dit que d’après le message, Yann avait réussi à gagner une île peuplée de goélands. On parlait de cette île dans de très vieilles légendes ; mais à son avis, il était peu probable que Yann eût pu survivre durant toutes ces années dans un endroit sans aucun doute isolé. Abigail ne voulut pas en entendre davantage et perdre son précieux espoir, et se rendit chez Gwendoline, la druidesse. On la nommait ainsi, car bien que parfaitement chrétienne, elle n’en avait pas pour autant renié les religions de jadis, et possédait des pouvoirs bénéfiques. Elle la trouva chez elle, occupée à remplir d’un liquide ambré des bouteilles qui avaient contenu de l’eau-de-vie ou du cidre. Abigail lui parla du message qu’elle lui tendit, et la jeune femme rousse toute vêtue de blanc que l’on appelait la druidesse, poussa une grande exclamation. Elle déclara que Yann avait réussi à atteindre Goéliande, la terre sacrée des goélands ; une île merveilleuse située aux confins de l’Atlantique et de la mer d’Irlande ; et qu’il se trouvait sous la protection de Ler, le dieu de la mer que les Celtes des temps anciens vénéraient. Gwendoline incita Abigail à continuer d’espérer, et lui remit un flacon qui l’aiderait à combattre les fièvres qui allaient s’emparer d’elle jusqu’à l’arrivée d’un message magique.
Cette nuit-là, Abigail commença en effet à être la proie de terribles fièvres qui semblèrent ne plus vouloir la quitter. Elle ne dut sa survie qu’à la potion de la druidesse ; et un matin, elle fut réveillée par un chant étrange. Elle se leva, sortit de chez elle, et marcha en direction de la falaise. Elle trouva bientôt sur son chemin, perché sur une énorme pierre, un goéland majestueux qui déploya ses larges ailes et prit son envol. Abigail le suivit en pressant le pas jusqu’au bord de la falaise. L’oiseau marin se mit à planer avec grâce au-dessus de l’océan, et en regardant son plumage blanc agrémenté de touches de gris et de noir, Abigail songea que ce devait être d’une plume de goéland dont s’était servit Yann pour écrire son message. À l’horizon, le ciel devint soudain rougeâtre, et l’on eût pu croire que les vagues s’embrasaient. Éblouie, Abigail ferma les yeux, puis les rouvrit peu de temps après. Alors, elle vit une chose fantastique qui la stupéfia. Au loin, portée par l’océan qui avait recouvré une couleur d’azur, se dressait une immense plume piquée dans la crête nacrée d’une vague. Abigail regarda fascinée cette plume que l’océan amenait vers elle, cette plume qui semblait lui écrire dans le déroulement de la vague, le message magique annoncé par Gwendoline. Bientôt, la plume se mua en une voile blanche qu’un vent léger commença à gonfler ; et le frêle esquif qu’elle entraînait, pencha à tribord, puis prit tranquillement la direction du port, accompagné du goéland qui volait au-dessus de lui.
Abigail courut à toutes jambes à travers la falaise ; il fallait qu’elle arrive avant Yann au port, et soit surtout la première à l’accueillir.

Patrick S. VAST - avril 2004

Qui êtes-vous ?

"Tall ships", complainte de marins et tempête en Manche